Chez Valérie et Dominique Bérurier, l’hôtellerie s’écrit comme une belle histoire de famille !
Issus de familles dont les frères se sont lancés avant eux, leur duo s’est monté avec une formation en école pour l’une et sur le terrain pour l’autre qui a toujours flirté avec le métier. Un duo complémentaire donc. Après avoir fait leurs armes au sein des établissements familiaux, ils ont décidé de se lancer seuls au bout de deux ans.
Et c’est là que les questions commencent à fuser de toutes parts… ils ont déjà leur petite idée de ce qui les attend… ne suffit plus qu’à trouver la bonne opportunité.
Normands d’origine, ce qu’ils savent aussi, c’est qu’ils souhaitent quitter la région parisienne… Mais un projet, çà se construit.
Aujourd’hui forts de leurs 20 années d’expérience, ils reviennent sur leur chemin parcouru, distillent certains conseils précieux, révèlent les pièges à éviter, soulèvent les difficultés de certains territoires pour attirer les touristes et surtout nous dévoilent les ravages de la crise sanitaire sur le secteur.
Sans concessions. Sans langue de bois.
Comment choisir son lieu et délimiter le cadre de son projet ?
Les 3 bons conseils de Valérie !
Ne pas se précipiter, écouter son instinct, ne pas céder à la magie d’un lieu et acheter au bon prix…
> Ecoutez-vous !
Ce métier est très exigeant et si vous n’êtes pas en phase avec votre projet dès le départ, n’y allez pas ! Les conseils des autres, c’est bien, mais il faut écouter votre envie première !
> Vérifiez que les promesses puissent réellement être tenues : les travaux demandent du temps !
A titre personnel, avec Dominique, on avait initialement jeté notre dévolu sur une région de France très touristique que je ne citerai pas ici afin de de ne pas lui faire de tort.
On était au début des années 2000. On se rend sur place et on trouve pas mal de choses qui nous font rêver !
Mais voilà, une région touristique où les sites sont classés ne nous permettait de faire des travaux exigeants sur une fenêtre très petite : 6 mois d’octobre à mars. En dehors vous êtes en saison et il faut donc être ouvert ! On en aurait pour beaucoup plus de temps. Ce n’était donc pas réaliste de franchir le pas ! Une zone trop touristique est capricieuse des saisonnalités et ne permet donc d’ouvrir quand on est prêt : les prêts bancaires n’attendront pas la prochaine saison pour commencer à être remboursés…
> Achetez au bon prix !
Pourquoi s’obstiner à acheter un établissement 2 millions d’euros alors que sur le papier il n’en vaut réellement qu’un seul ?
C’est un peu le même principe que pour l’immobilier particulier. Quand on y est attaché, vendre sa maison peut entraîner des interférences émotionnelles côté prix à fixer.
Ce n’est pas parce que vous avez repris l’affaire familiale que si vous cherchez à la vendre elle vaut le double des prix du marché !
L’acheteur n’achète pas votre émotion, au contraire !
C’est donc après moultes études que notre jeune couple d’entrepreneurs, encore dans la vingtaine pose finalement ses valises à Vendôme, en 2003 en s’offrant le Mercator.
56 chambres et 220m2 de salles de séminaires… il y a de quoi être séduit, en effet.
S’installer au cœur de cette cité, bastion de la famille Bourbon-Vendôme, est la promesse lumineuse d’une réussite que nous allons analyser.
Pourquoi Vendôme ?
Ville tournée vers l’industrie, Vendôme n’est pour ainsi dire pas l’Eldorado du tourisme, ou tout du moins pas encore….
La ville n’est pas enclavée mais plus exactement dans le triangle que forment Blois, Tours et le Mans…
Les châteaux de la Loire sont donc à portée d’escapade sans être pour autant en devenir un inconvénient : ici, exit les hôtels complets, l’afflux touristique en saison et ou encore le prix de l’hôtellerie élevé.
Ville de taille similaire à Amboise, il fallait également des arguments plus concordants avant de se lancer à corps perdu dans l’aventure.
Ville résolument dynamique depuis l’arrivée du TGV et ouverte à la villégiature en week-end, la boucle était bouclée : le coût de l’hôtel avant travaux restait raisonnable, l’emplacement relativement attractif pouvant bénéficier de sa proximité avec le Val de Loire (moins de 30 kilomètres) et la demande d’hébergements en semaine pour les professionnels.
Un tremplin pour demain
Quand un choix est bon, il faut le consolider.
Une fois que ce dernier est consolidé et qu’on se sent bien là où l’on est… et bien, pourquoi ne pas s’offrir un second hôtel ?
Justement… à Vendôme, il y avait hier, il y a aujourd’hui et il y aura demain : l’hôtel Vendôme.
Il faut vous dire que Valérie Bérurier nous a partagé un brin exaltée sa passion pour son hôtel.
Dans un premier temps attirés par Honfleur, le couple se tourne assez rapidement vers le côté logistique et confortable que présente le fait d’avoir deux établissements dans la même ville ainsi que sur la synergie que cela peut apporter au quotidien.
Niché en plein cœur d’un centre-ville où il fait bon flâner, l’hôtel Vendôme est un cocktail de compositions singulières d’objets et d’un agencement intérieur au remodelage subtil. Il a été remanié à 100% et offre le confort d’une maison de famille ou la jeunesse de la rénovation rallume les flammes d’antan.
Jusqu’en 2002, l’hôtel bénéficiait d’une table réputée. Lors du rachat de l’établissement en 2014, il fallut aux Bérurier imaginer des transformations en profondeur, diminuer le nombre de ses chambres pour qu’elles soient plus spacieuses, proposer aux clients de l’établissement plus de commodités telles qu’un ascenseur et tout le confort d’un établissement 4 étoiles bien que l’hôtel n’en ait actuellement que 3 par choix assumé des propriétaires actuels.
Et bien évidemment, repenser les espaces du rez-de-chaussée afin de proposer des chambres pour personnes à mobilité réduite…
La décoration comme pièce maitresse de leur établissement
Lui intervient comme maitre d’œuvre avec des artisans finement sélectionnés.
Elle comme styliste d’intérieur pour des objets, papiers peints, parquets et sols puis pour les tissus choisis avec passion chez des fournisseurs historiques du couple ou des coups de cœur dénichés des salons tels que Maison & Objets…
Côté staff ?
Sachant qu’ils voulaient prêtés des allures haussmanniennes à cette bâtisse du XVIème siècle, il était tout simplement impossible de faire l’impasse sur le matériau !
Corniches ornementées côtoient soubassements, moulures et frontons de portes.
Plinthes et cimaises taquinent triomphalement l’ensemble au côté des étoffes signées Pierre Frey.
On n’y est bien, oui, on s’y sent bien.
Les hôtes nous accueillent comme si nous étions des invités de marque avec amour, passion et cette conviction d’être fiers de leur belle maison.
N’est-ce pas, après tout, là que réside tout le charme de l’hôtellerie de qualité?
Impacté par la crise sanitaire
Mais voilà, à l’heure où l’on décide de vous présenter le Vendôme, nous fêtons un anniversaire peu banal… celui des un an de la crise COVID, du premier confinement, des premiers rideaux baissés sur ce qui était hier l’espace de nos plaisirs.
On sent, en abordant le sujet, un tremblement poindre dans la gorge de Valérie Bérurier et nous excusons presque d’aborder avec elle le sujet. Incontournable cependant.
Mais Valérie n’est pas de celle qui s’apitoie… Alors elle nous explique avec simplicité ce qui lui arrive :
“ Je ne peux plus me permettre de laisser mes établissements ouverts 7 jours sur 7 en ce moment. On est dans des interactions permanentes entre nos frais de fonctionnement et nos charges… on optimise les jours ou l’activité est au plus fort pour nos salariés … Entre les AirB&B qui paient beaucoup moins de charges que nous et la crise sanitaire, on est actuellement à 15% d’occupation contre 66% en temps normal”…
On laisse Valérie Bérurier faire une pause… mais nous, de notre côté, on ne peut s’empêcher de calculer… le delta est de 51%… çà passe çà?
“D’ordinaire, notre taux d’occupation est relativement bon, surtout pour notre région. J’ai par ailleurs tout le captage de la partie restauration qui s’envole forcément avec la fermeture des restaurants. Alors oui, aujourd’hui, c’est particulièrement compliqué. Un hôtel qui subit une baisse de son taux d’occupation doit maintenir ses efforts : j’ai des contrats de maintenance à honorer. Je n’ai pas le choix. On a des appareils, des portes électriques, des ascenseurs et des monte-charges sans compter toute la partie bureau d’étude qui relève de nos obligations en termes de sécurité. Ce sont des dépenses incompressibles qui doivent être sorties avec 1000 ou 10 000 euros de chiffre d’affaires… peu importe, c’est incompressible comme je vous le dis.
Alors on sait bien qu’il y a des efforts côté état. Jusqu’à décembre le fond de solidarité était de 1500 euros. Maintenant c’est monté à 10 000 euros. C’est vrai aussi qu’on a pu bénéficier d’un prêt, soi-disant, à Taux 0… mais déjà, il y a les assurances sur nos deux têtes à payer durant la période de ce prêt. Et initialement le prêt contracté devait être remboursé à l’issue de la première année. Au terme de cette première année, que se passe-t-il si vous ne pouvez-pas rembourser ? Eh bien tout simplement des frais de l’ordre de 0.5 à 0.95% vont s’appliquer à votre remboursement. Et évidemment, je ne parle pas des frais de dossiers qui viennent s’y ajouter. Sans vouloir être rabat joie, je n’appelle pas cela un prêt à taux zéro ! On parle de prêt garanti par l’état car, oui, si demain nous fermons, c’est l’état qui remboursera les banques. Mais en attendant, c’est nous qui remboursons en plus de nos prêts déjà contractés ! Seulement 75% de mon personnel est là à temps plein du coup. Les autres, je ne peux malheureusement pas leur proposer de travailler plus d’1/3 du temps.
L'urgence du rebond...
A la question, que peut-on vous souhaiter pour demain, voici ce que l’hôtelière nous livre :
Que l’activité reprenne, tout simplement… pas seulement pour nous. Je pense surtout à mes salariés qui ont besoin de retrouver leur confiance ! Vous savez, quand on choisit de faire ce métier, c’est que l’on fait avant toute chose le choix du travail en équipe. Ceux qui aiment l’individuel font fausse route en se lançant dans la restauration. Il faut que l’on reprenne une belle dynamique ! Il faut que les gens reviennent… et qu’ils sillonnent les belles routes de France avant de faire le choix de l’étranger. On a besoin d’eux. Plus que jamais !
L'hôtel Vendôme
Durant cette période sanitaire complexe et emprunte de concessions, nos hôtels restent ouverts.
Alors, que vous décidiez de séjourner à Vendôme pour des raisons professionnelles ou touristiques, ne ratez pas l’hôtel Vendôme !
Hôtel Vendôme
15 Faubourg Chartrain
41100 Vendôme
02 54 77 02 88