Plâtrier : la double identité d’un métier en pleine mutation

À Baguer-Morvan (Ille-et-Vilaine), l’entreprise Rouvrais Plâtrerie est un observatoire privilégié des transformations qui traversent le métier de plâtrier-plaquiste. Rencontre avec Jean-François Rouvrais, le fondateur, dont la mémoire vive raconte un artisanat séculaire, et son fils Tony, dont la vision prospective et la soif d’innovation dessinent les contours d’une profession en pleine révolution technique.

Deux générations, deux visions

 

Dans l’atelier de Rouvrais Plâtrerie, l’odeur du plâtre frais se mêle à celle plus neutre des plaques de Placoplatre®. Un contraste olfactif qui symbolise à lui seul l’évolution d’un métier, dont les gestes ancestraux côtoient désormais les impératifs de rapidité et d’efficacité du XXIe siècle. Jean-François Rouvrais a vu défiler les époques et les mutations des mentalités. Pour lui, le plâtre reste une matière noble, garante d’une qualité et d’une durabilité inégalées, notamment dans la restauration du patrimoine. « Le plâtre reste incontournable dans la rénovation de propriétés anciennes. C’est un matériau noble qui traverse le temps sans se fissurer », affirme-t-il avec conviction, évoquant avec nostalgie une époque où son entreprise sillonnait la côte bretonne, répondant aux besoins d’une clientèle de particuliers attachée exclusivement à ces techniques traditionnelles. Il se souvient des spécificités régionales, des mélanges propres à la Bretagne, un savoir-faire qui se transmettait de maître à apprenti.

Répondre aux exigences du marché

 

 

Pourtant, le temps des longs séchages – parfois jusqu’à six mois pour certains ouvrages – et des chantiers au rythme lent semble révolu. Son fils, Tony, la trentaine énergique, a pris la mesure des mutations du secteur avec une passion pour l’innovation qui le pousse constamment à explorer de nouvelles solutions. « Il fallait rationaliser notre activité et s’adapter aux nouveaux besoins du marché. Le placo® est incontournable aujourd’hui, c’est rapide, économique, et adapté à une demande croissante des particuliers », explique-t-il, soulignant un basculement progressif de la clientèle, autrefois dominée par les constructeurs, vers des particuliers et des architectes, représentant aujourd’hui près de 40% de leur activité. Cette transition s’est accompagnée d’une recherche constante de techniques innovantes pour optimiser les chantiers et répondre aux exigences spécifiques de chaque projet.

Évolution d'un métier : regard sur la France et la Bretagne

 

L’étude des chiffres nationaux révèle une profession de plâtrier-plaquiste en tension, tiraillée entre une demande soutenue et des mutations profondes. Si le secteur a connu une croissance du nombre d’entreprises estimée entre 15 et 20% entre 2018 et 2022, cette progression, marquée par une forte présence d’artisans et de micro-entreprises, interroge sur la structuration du secteur et sa capacité à répondre aux besoins de formation et de transmission des savoir-faire traditionnels évoqués par Jean-François Rouvrais. Avec environ 35 000 entreprises recensées, le paysage de la plâtrerie-plaquisterie en France témoigne d’un dynamisme entrepreneurial certain. Cette vitalité, cependant, a été ponctuellement freinée par les aléas de la crise sanitaire et les tensions sur les chaînes d’approvisionnement, comme l’a également souligné la famille Rouvrais.

Le cas de la Bretagne, bien que suivant une tendance générale de croissance, mérite une attention particulière. L’augmentation du nombre d’entreprises y est légèrement inférieure à la moyenne nationale, se situant entre 10 et 15% ente 2018 et 2022. Ce décalage pourrait s’expliquer par des dynamiques économiques régionales spécifiques ou par une saturation relative du marché. La prédominance des micro-entreprises est ici également notable, soulevant les mêmes questions quant à la pérennité des compétences et à l’organisation de la profession face à des défis croissants en matière de rénovation énergétique et de qualité de construction. L’analyse de ces chiffres, loin de dresser un tableau uniforme, révèle une profession marquée par des dynamiques contrastées. Si l’essor de l’entrepreneuriat individuel, perceptible dans la croissance du nombre d’entreprises, notamment sous la forme d’artisans et de micro-structures, témoigne d’une vitalité certaine, il soulève également des questions quant à la pérennité des savoir-faire et à la capacité du secteur à maintenir un niveau d’expertise homogène.

Dans ce contexte, les préoccupations de Jean-François Rouvrais concernant la transmission des compétences traditionnelles prennent un relief particulier. Le léger fléchissement de la croissance en Bretagne par rapport à la moyenne nationale pourrait, par ailleurs, signaler une spécificité du marché régional, peut-être davantage saturé ou confronté à des enjeux démographiques différents. Dès lors, la question de l’adéquation des formations initiales et continues aux réalités d’un métier en constante évolution, intégrant de nouvelles techniques et des exigences de performance énergétique accrues, devient centrale. Loin d’être anecdotique, la trajectoire du secteur de la plâtrerie-plaquisterie en France et en Bretagne semble intimement liée à sa capacité à concilier l’agilité de l’artisanat individuel avec la nécessité d’une structuration garantissant qualité et innovation.

Tendances et Défis à l'Horizon 2030

La transition énergétique et les impératifs de rénovation thermique et phonique vont stimuler la demande de professionnels qualifiés, capables de mettre en œuvre des solutions d’isolation performantes. L’évolution constante des matériaux, avec l’arrivée de produits plus légers, écologiques et aux performances accrues, nécessitera une adaptation continue des compétences. Si une automatisation complète des tâches semble peu probable, l’intégration d’outils numériques pour la planification et la gestion de chantier pourrait se développer.

Pour Tony, cette évolution n’est pas une fatalité, mais une opportunité de réinventer le métier. L’entreprise a ainsi investi dans la formation de ses équipes aux nouvelles techniques, tout en conservant jalousement son savoir-faire traditionnel. Sa passion pour l’innovation se traduit par une veille constante sur les nouveaux matériaux et les procédés constructifs. « Nous avons conservé notre savoir-faire traditionnel tout en développant de nouvelles compétences, notamment en intégrant le staff et les menuiseries intérieures. Cela nous positionne clairement sur le haut de gamme, proche de l’architecture intérieure », détaille-t-il, illustrant une stratégie de diversification qui permet à Rouvrais Plâtrerie de se démarquer dans un environnement concurrentiel. Tony évoque avec enthousiasme les projets complexes où la combinaison du plâtre et du staff permet de réaliser des finitions uniques et personnalisées, témoignant d’une véritable recherche de solutions techniques et esthétiques.

L’une des préoccupations majeures reste la pénurie de main-d’œuvre. Le manque d’attractivité du métier auprès des jeunes pourrait entraîner des tensions sur le marché du travail, valorisant d’autant plus les professionnels expérimentés et les entreprises investissant dans la formation. Dans ce contexte, une spécialisation accrue pourrait émerger, avec des artisans se concentrant sur la restauration du patrimoine et les techniques traditionnelles, tandis que d’autres se tourneraient vers les solutions modernes et les projets de construction neuve à haute performance énergétique.

Pour des entreprises comme Rouvrais Plâtrerie, la valorisation du savoir-faire technique et la capacité à innover, à l’image de l’approche de Tony avec l’intégration du staff et sa veille technologique, constituent des atouts essentiels pour se démarquer et répondre aux exigences d’une clientèle en quête de qualité et de solutions sur mesure.

Ce changement de paradigme observé chez Rouvrais Plâtrerie s’inscrit dans une évolution plus large du métier à l’échelle nationale. Jean-François l’a observé, parfois avec une pointe de regret, mais toujours avec une lucidité teintée d’expérience. « De plus en plus de particuliers », concède-t-il, reconnaissant que cette évolution s’accompagne d’une relation client plus directe et d’une meilleure valorisation de leur expertise. Mais au-delà de la simple exécution, c’est une véritable mutation des attentes qui s’est opérée. Les délais se sont raccourcis, les budgets se sont resserrés, et le placoplâtre®, avec sa facilité de mise en œuvre et ses nombreuses déclinaisons (hydrofuge, phonique), a conquis une part de marché significative.

Cette double compétence, la maîtrise du plâtre et du placo®, est-elle l’avenir du métier ? Pour Jean-François, le plâtre conserve une valeur intrinsèque, notamment pour la restauration et les finitions de qualité. Il met en garde contre une standardisation excessive et la perte d’un savoir-faire ancestral. Tony, quant à lui, y voit une complémentarité essentielle. « Le plâtre reste incontournable pour certains ouvrages spécifiques, comme les moulures ou les niches décoratives, là où le placo® trouve ses limites », reconnaît-il, soulignant que cette polyvalence leur permet de proposer des solutions sur mesure, adaptées à la complexité croissante des projets. Son intérêt pour les matériaux innovants, comme les isolants performants ou les systèmes de cloisons sèches de dernière génération, est palpable.

À Baguer-Morvan, comme partout en France, l’avenir du métier de plâtrier-plaquiste se dessine ainsi en clair-obscur, entre la pérennité d’un savoir-faire ancestral et les promesses d’une innovation technique constante. Pour Jean-François et Tony Rouvrais, la clé réside dans cette capacité à faire dialoguer les époques et les techniques, pour continuer à façonner les intérieurs de demain avec la même passion.

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